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Mon voyage

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Un jour, que j'avais commencé ce grand Voyage dont je vous parle souvent, je gravissais un mont parsemé de pierres et de rocs glissants, j'arrivais sur une prairie dans laquelle miroitait un grand lac aux eaux calmes et je m'assis pour contempler l'amphithéâtre des sommets et la réfraction de son image sur l'eau.

 

J'aperçus dans le fond du miroir, une femme à mi âge dont les rides creusaient des sillons profonds et son dos vouté comme Atlas semblait porter le monde.

Mon coeur bondit de joie de rencontrer une âme dans la solitude de mon voyage, car nous sommes toujours seuls au cœur de l’initiatique vie.

 

J'avais gardé le silence comme présence intime et subtile à la contemplation du "beau "et il me plut de converser sur le sens du voyage. Mais aucune voix ne sortit de ma bouche, et aucun son ne sortit de la sienne. Il n'y eut aucune vibration, seul le souffle de la langue intérieure qui se délie pareil à un arôme embrasant le coeur et éclairant l'esprit.

 


Et pourtant le vent, me porta sa musique afin de dévoiler à mon âme le secret de la profondeur et déverrouiller mon coeur sur le chemin qu’il me restait à parcourir.

 

Derrière le sommet, il y avait un autre sommet encore plus haut et plus difficile d'accès que le précédent.

 

 

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Le voyage ne s’arrête jamais.

 

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J'entendis dans les cordes, la lyre d'or poussée par le souffle, les mélodies des voix intérieures qui comblent le vide et ouvrent les yeux de l'âme vers l'arbre du ciel.

 

Le visage de cette femme sculpté de frissons d’eau, n'était qu’une mémoire parsemée par des sillons labourés de peines et chargés d’allégresse. Les rides parcheminaient son visage comme les sources ravinent la terre en devenant des rivières qui caracolent jusqu'aux rebords des océans et se noient dans la salure du sel.

 

L’image à mon âme dit :

 

"J'ai été engendrée par l'Amour dans la fusion des êtres et je n'ai été qu'Un au miroir de ce lac d'argent.

 

Au commencement j'ai immergé des mers et me suis recouverte d'un vert manteau, j'ai bercé dans mes flancs l'homme et ses enfants. Je nourris leur âme et leur corps  de mon abondance. De mes vergers ,je leur tendis des fruits, de mes prairies, j’ai fait jaillir les moissons, de mes mers gorgées de voyages j'ai ramené jades, turquoises et coquillages pour que leurs rêves imaginaires s'emplissent du mystère de l’unité dans la fraternité du partage et de la générosité.

 

J'ai aimé l'homme plus qu'un Dieu, et l’homme m’a honorée comme déesse. Pourtant, j'avais trouvé ma nature de mère dans mon corps fait du limon de la terre coagulé d’une goutte de sang. Certains dirent que je nuis née des noces du ciel et de l’eau.

L’image continua de conter son histoire dans les lys parfumés de ma vallée sauvage.

 

 « Les enfants de la terre me dirent : Tu nous a nourri oh mère! Mais tes vergers ne donnent plus autant de fruits que ce que nous pouvons produire dans nos serres, les mers ne nous sont plus inconnues et leur beauté nous lasse, et l'Amour nous prend du temps parce qu'aux temps d'aujourd'hui nous n'avons plus le temps...

 

Ils ont laissé les guerres envahir mes champs et les ronces dévorer les forêts. Ils m’ont dénudée de mon manteau de verdure qui recouvrait mes os et protégeait ma chair. Ils ont pollué les rivières qui creusaient mes sillons en mémoire de l'Histoire et injecté le venin[1] pour que tout devienne lisse au calibre du visible, du raisonné sans hasard et des lois sans compassion.

Pourtant :

Les hommes n'ont de sens que dans l'ensemble et dans la diversité comme tous les êtres de la Nature  

Et

L’ensemble des êtres vivants donnent un vrai sens au monde

Engendrent l’entendement qui à son tour donne naissance à l’âme universelle,

Celle là même qui engendre la vie

Celui de l’émotion qui précède l’essence jusqu’à la quintessence

Puissent-ils s'en souvenir.     

 

J'ai aimé l'homme plus que moi même,

J’ai été conçue pour donner le gîte,

Dans mes reins je portais la semence et dans mes bras berçais le fruit à sa maturité,

Avec l’Amour extrait au plus profond de moi,

J'ai aimé l'homme plus que moi même,

J’'étais faite pour le nourrir de mes fruits,

J’'ai aimé l'homme plus que moi même,

J’ai été choisie pour étancher sa soif et faire de lui un accompli,

J’'ai aimé l'homme plus que moi même, lorsque j'ai eu fini avec son corps j'ai pourvu son esprit en infusant ma connaissance de l'arbre de vie et de l'arbre du ciel dont ses enfants et lui sont devenus les rameaux du ciel.

J’ai puisé dans mes racines le miel, le lait et le sang que je leur ai fourni sans penser à moi-même et toujours en offrant à autrui.

 

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Je suis la terre crucifiée qui souffre la passion jusqu'à ce que le voile se lacère.

 

Que me reste t il sinon contempler le « beau » au travers de la lumière et réfracter dans l’éther  l’image de son Amour divin ? Mes yeux se fondent sur le temple tissé du ciel marbré de fils de soie et de ce Lac je contemple mon Éternel. Et toi que fais tu interrompant l’adoration ?"

 

Je regardais longuement cette image. Puis mes yeux se portèrent sur les sommets.

Je lui répondis :

"Oh mère, la terre, merci pour tes bienfaits !

Mais je ne peux rester là à contempler le ciel. Le lac aux fils d’argent est une geôle qui ne peut contenir mes ailes assoiffées de vie. L’argent de ce lac est comme l’airain et le plomb, il alourdi le cœur et l’empêche de s’envoler vers l’espérance cachée derrière les maux…

J’ai donné moi aussi, et je ne regrette rien car j’ai fourni sans l’espérance du retour.

Et dans ce don tout était Amour.

 

 

Celui qui reçoit s'il est ingrat à cette offrande, se prive lui même par son orgueil et sa vanité des trésors parfumés d’Amour et des richesses d’encens et de myrte, de tout ce qui était « don ».

 

Si celui qui reçoit est « Juste », il est le jardinier qui entretient la terre avec Amour afin que génèrent l'efflorescence du vivant dans la beauté des fruits dévoilée, et dans la succulence de la pulpe jusqu’au nectar.

Il sera affamé au souvenir du miel de tendresse dont la mère l’a gorgée dans la douceur du fruit. Les fils de l'homme dont tu me parles n'ont vu qu’abondance et rentabilité. Dans ces deux mots l'Amour n’a pas sa place. Afin de faire pousser les bons fruits. Amour et beauté vont de pair dans la trinité.

 

A l'homme qui t’a offensé, je dis : l'argent et les biens ne nourrissent pas le cœur ils le dessèchent. Je préfère vivre parmi les humbles, m’assouvir et partager les bons fruits poussés dans le verger de la terre, ils sont plus beaux et plus chers à mon cœur gorgés d’amour et arrosés d’attentions, de joie et de tendresse.

 

Si les mers sont visibles, c'est l'invisible qui enrichit. La main céleste réjouit de son feu ardent le flambeau de l'esprit. Elle appelle mon âme à prendre son essor dans l’envol et la dirige dans le flux mouvementé du monde lui révélant le sens caché du véritable Amour.

 

Je suis née pour aimer et je suis née pour donner parce que c’est ainsi que j’ai été conçue, sans haine ni rancœur.

 

Mon amie, ma sœur, les hommes qui vivent sur ta terre et dont tu fus le pilier, la cathédrale, la pierre abandonnée fendue  à verticale n'auront nourrit que leur corps sans pourvoir à l’aliment de l’esprit.

 

Ces hommes demain seront les esclaves de leurs Nations, prisonniers de leurs lois, affamés par des tyrans.

Or si les hommes sont humains, il en résulte des noces du corps et de l'esprit.

Le ciel et la terre ont pourvu des coupes remplies à égale de liqueur de vie, afin que l’homme et ses fils produisent la sève de l’eternel feu Divin.

L’homme contient la terre, la terre contient l’homme et dans chacun la part divine qui les unit.

 

Ainsi ma sœur je poursuis mon chemin, mes sillons d'eau en mémoire des hommes abreuveront les êtres assoiffés de cristal car mon âme affligée est le fruit de l’amour : mes peines, mes joies, mes larmes, mes sourires sont contenus dans le sucre et le miel de mon coeur.

 

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Je ne garderai pas de rancœur de l'attitude de l'homme et des fils, car se serait nourrir la haine dont je suis incapable.

Mes vergers devenus inutiles seront des champs de blés pour d'autres qui avaient faim d’esprit, d’âme, et de coeur. Je couvrirai de mon manteau vert l’amertume de leurs regrets et pour apaiser leur peine, tisserai de nouveaux rameaux pour que leurs feuilles chantent le désir dans l’arbre du ciel au secrets de la vie.

Je ferai de mon cœur un temple, de mon chant une danse dans laquelle les hommes seront tous des enfants égaux, tirés de la glaise où scintillent en miroir le tapis des étoiles.

Et dans ce ciel d’ombres parsemé de clartés, la lumière des âmes semblables à des flambeaux, s’étaleront sur des champs blonds parcourus par la caresse du vent dans le souffle du pardon.

Dieu sourira de toutes ses perles issues de ma douleur, dans le soleil et dans la pluie, il fera naître  des grands Lacs où tu seras ma mémoire abreuvée de mes larmes de joie et des larmes de tristesse, de mes larmes de peur, puisées à l'orbe de mon cœur en de folles cascades vers le bleu des sept mers.

 

Je quittais le Lac d'argent légère portée par les nuages.

 

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Au loin, j'entendis le chant des anges portant mes pas vers l’azur constellé d’étoiles du matin, Le Lac d’argent était au loin, derrière moi.

Dans mon cœur tous ceux que j’avais aimé du plus fort de ma tendresse. L’Aube déchirait le tapis d’ombre par un nouveau jour.

Au sommet des monts, il y avait un pont. C’était il y a longtemps. Je descendis un val parsemé de pierres et de rocs glissants, il n’y avait pas d’arbres.

Au fur et à mesure que je m’approchais, un Arc en Ciel relia deux monts, la terre minérale se couvrit d’herbes et de fleurs des champs. Je descendis vers la gorge, le cœur battant. Dans la clarté brumeuse naissante de l’obscur, comme guidée par la lumière et poursuivis mon Voyage à la rencontre du temps qui reliait deux mondes, celui du passé et celui du présent…Je croisais un regard dans lequel je mis mon amour le plus intense et le plus fou. Les rocs arides se couvrirent de mes cèdres un instant je crus distinguer le reflet de mon âme, et recevoir le retour dans la fusion de mon cœur. Ma vallée de lys blanc disparut dans la brume, me laissant comme une passante affamée que la déchirure accable. Mes pas me portèrent à regarder devant, le chemin vers la Place de la Vérité, celle où les cœurs son nourris des sources d’Amour au gout d’éternité. 

 

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Le pont s’emplit de feuilles d’automne et des larmes de pluies là où je croyais faire pousser les jardins de roses avec des perles de rosées, m’enivrer du parfum des coroles de fleuries au jardin de mon coeur. Ma bouche, mon cœur, mon âme les pulsations des battements au secret d’infini.

 

Je marcherai encore céleste, sur les vastes vallées inspirant avec bonheur le souffle de la respiration de ta bouche, sur un fil d’arc en ciel aux couleurs du temps. Mon talisman de turquoise tomba dans le cours d’eau me précipitant dans le vide céleste.

 

Je suis portée par les anges, mes muscles sont raidis et je marche à nouveau dans l’ombre sous la clarté des étoiles, et mes pas n’ont pas de fin, je regarde toujours droit devant vers l’infini de mes ciels. Encore des vallées, encore des sommets, encore des rivières. Parfois, je me sens encore si  fatiguée de marcher...

Je regarde droit devant...

 

 

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[1] Botox


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